Le Qi Gong désigne l’ensemble des pratiques énergétiques corporelles chinoises. Au même titre que l’acupuncture, la pharmacopée, la diététique, et les massages, le Qi Gong appartient à la médecine chinoise traditionnelle. Il est intégré plus particulièrement aux méthodes Yang Sheng Fa de prévention de la santé.
Les origines du Qi Gong
Origine du mot Qi Gong
Le mot Qi Gong est composé de deux caractères chinois : le caractère “Qi” (氣), qui se traduit par “air, vapeur, énergie” et le caractère “Gong”(功) qui signifie “discipline, volonté, exercice, travail, labeur”.
Ainsi le mot Qi Gong exprime l’idée du travail énergétique, ou travail sur le souffle. Il regroupe l’ensemble des techniques chinoises traditionnelles de longévité, comprenant des exercices de méditation, de respiration, de visualisation, de transe, de guérison et de combat. Ces techniques se sont déployées à partir de la culture taoïste, bouddhiste, et même confucianiste.
Le Qi Gong est une pratique de réconciliation du corps et de l’esprit. Elle met en lien le pratiquant avec la nature et le monde environnant afin de lui apporter une plus grande vitalité, une meilleure assise, plus de fluidité, de souplesse et d’adaptabilité.
Loin d’être une pratique séparée de la vie, le Qi Gong est au contraire un art de vivre, c’est à dire qu’il englobe tous les aspects de la vie.
La première forme de Qi Gong
Dans des temps très anciens, le Qi Gong pouvait être associé à un acte instinctif et spontané. Les hommes vivaient alors en osmose avec la nature. Il était directement en lien avec le mouvement des astres, de la lune, du Soleil. La vie des populations primitives était très liées au rythme des saisons pouvant avoir un impact important sur leur façon de subvenir à leurs besoins. Afin de survivre, les hommes devaient aller chercher leur nourriture dans la nature et apprendre à se défendre contre les bêtes sauvages.
Ce contexte de survie en milieu hostile a poussé les hommes à employer certains gestes spontanés. Ainsi par exemple, lors de fatigues ou état d’épuisement, les hommes s’étiraient, baillaient, ou fermaient les yeux afin de se reposer. Ou alors les hommes se frottaient tout simplement les yeux au réveil afin de se stimuler. En cas de mal de dos, les hommes se pinçaient, se massaient ou se tapotaient de façon instinctive la zone sensible afin d’atténuer la douleur. L’ensemble de ces gestes étaient en réalité des geste réflexes d’auto-régulation de la circulation énergétique. Ils étaient la racine du Qi Gong.
Avec le temps ces gestes sont devenus plus codifiés et structurés. Ils ont été intégrés dans des exercices de gymnastique de longévité que les chinois se transmettent de génération en génération. Ces exercices sont une réponse aux besoins vitaux de l’être humain et sa nécessité de survivre dans des milieux naturels parfois hostiles.

Les trois piliers
Le Taoïsme
Le culture traditionnelle chinoise a été influencé en profondeur par les écrits de Lao Zi ou Lao Tseu, père fondateur du taoïsme. Dans son ouvrage canonique le “Dao De Jing”, livre de la voie et de la vertu, Lao Zi explique le principe de régulation fondamental à l’oeuvre dans l’univers : le Tao.
La pensée de Lao Zi constitue un socle fondamental à la pensée traditionnelle chinoise. Les premiers pratiquant du Qi Gong s’inspiraient dans leur pratique des enseignements de Laozi afin d’épouser la voie du Tao.
Le Tao est un principe cosmique fondamental. Il correspond à la “Voie, l’être suprême, le chemin”. Il s’agit du principe fondateur dont découle toutes les choses dans l’univers. Il est un principe de base dans l’enseignement des exercices de Qi Gong.
Dans les pratiques taoïstes de longévité, il existe une caractéristique commune au Qi Gong : il s’agit de la circulation des souffles au sein du corps afin de renforcer la vitalité.
Le Confucianisme
Le père fondateur du confucianisme, Kong Zi, préconisait la pratique d’exercices corporelles et spirituelles. Son approche consistait à apprendre la maîtrise des émotions ainsi que le développement des potentialités naturelles présentes en chacun de nous.
Selon Confucius, la vie se compose de 3 étapes :
- La jeunesse. Le Qi et le sang ne sont pas encore stabilisés.
- La maturité. Lors de cette période la force et la vitalité accédent à la plénitude.
- La vieillesse. Lors de cette période le Qi et le Sang décline.
Confucius insiste sur l’importance de suivre un code moral consistant à accomplir à la perfection son propre potentiel naturel. C’est lorsque la vertu et la sérénité sont là que la vie devient plus fluide et souple.

Le Bouddhisme
Le Bouddhisme est introduit en Chine à l’époque des Han postérieurs (25-220). Le premier monastère bouddhiste est construit dans la ville de Luoyang. Le bouddhisme s’est développé depuis cette époque partout en Chine pour s’intégrer en profondeur à la vie religieuse chinoise.
Le bouddhisme dans sa pratique comprend des pratiques assidues de méditation ainsi que des exercices respiratoires possèdant sans aucun doutes des effets bénéfiques pour la santé.
La légende veut que le Qi Gong ait été enseigné aux chinois à l’origine par Bodhidharma, un moine bouddhiste persan. Ce dernier est le fondateur de l’école Chan du bouddhisme en Chine. Il aurait enseigné aux moines du monastère de Shaolin des techniques de combat (le fameux kung-fu de shaolin) ainsi que des exercices de Qi Gong afin de les aider à se défendre contre les brigands.

Histoire du Qi Gong de l’Antiquité à aujourd’hui
Les premières pratiques du Qi Gong sous l’Antiquité
La dynastie des Han
Les premières traces écrites du Qi Gong proviennent de soieries retrouvées dans une tombe de la dynastie Huan du nom de Mawangdui. Ces soieries représentent une série de personnages, de tout âge et de tous sexes, réalisant des étirements. Il s’agit de la première forme de Qi Gong comprenant des exercices physiques et des gymnastiques corporelles. Elle porte le nom de Daoyin (conduire et étirer).
Par la suite, à l’époque des “Han postérieurs”, un célèbre médecin taoïste du nom de Huo Tuo développe une série de mouvements inspirés d’animaux : l’ours, le tigre, le cerf, le singe et la grue. Cette série de mouvements est nommée “le jeu des 5 animaux”. Elle constitue aujourd’hui l’une des techniques de longévité les plus anciennes.
Les lettrés taoïstes ont écrit une littérature très riche sur l’art de préserver la santé et nourrir la vie, englobé dans l’expression de Yang Sheng. Ce concept comprend à la fois des notions d’hygiène, de massage, d’alimentation. Il s’agit d’un concept centrale dans le Qi Gong tel qu’il est pratiqué aujourd’hui.
La dynastie du Nord et du Sud (420 – 589 )
Entre le Vième siècle et le 10ème siècle, le Bouddhisme se développe en Chine, apportant notamment de nouvelles pratiques corporelles dans les monastères. Selon la légende, un moine bouddhiste persan du nom de Bodhidharma, introduit de nouvelles techniques de combat et d’entretien de la santé dans le monastère de Shaolin. Ces exercices physiques et techniques de combats sont destinées à la fois à lutter et améliorer les conditions physiques des moines.
Dynastie des Tang (618-907)
Sous la dynastie Tang, les pratiques de la voie interne prennent le pas dans le Qi Gong. A cette époque, les techniques respiratoires ainsi que les exercices taoïstes se développent dans la pratique du Qi Gong.
Le médecin Sun Simiao pose les base des massages chinois de santé dans un ouvrage de référence de la médecine traditionnelle chinoise : le beiji qianjin yaofang.
Cette période est marquée par de nombreux conflits armés en Chine avec les barbares du Nord. A cette époque le général Yue Fei crée pour améliorer la santé de ses soldats une nouvelle technique : les Ba Duan Jin (huit pièces de brocart). Le général enseigne également des techniques martiales ( wuhu) à destination de ses troupes. C’est à cette époque que née les premières techniques de boxe.
Dynastie des Ming
A l’époque de la dynastie des Ming, un ouvrage est rédigé illustré par des tableaux représentant les exercices énergétiques des anciens immortels. Ce livre est rédigé en 1579 par Zhou Lujing. Il porte le nom de Chifeng Sui (“La moelle du phénix rouge”). Il procure des modèles à suivre pour conserver la santé. Cet ouvrage représente également le jeux des animaux.
Dynastie des Qin
A cette époque, les pratiques taoïstes sont pour la première fois documentées en Occident grâce aux Jésuites. Le célèbre jésuite Jean-Joseph Amiot (1718-1793) est à l’origine d’un livre présentant ces pratiques : Mémoires sur les Chinois Tome 4.
La république populaire de Chine
A cette époque la culture sportive se développe en Chine. Influencée par l’Occident, la Chine organise ses premier jeux nationaux et met en place des cours d’éducation physique dans les écoles. Les pratiques des arts martiaux connaissent alors des transformations liées à la nouvelle orientation de la Chine vers l’éducation sportive.

La création du Qi Gong moderne
Le Qi Gong moderne a fait son apparition à l’arrivée au pouvoir du parti communiste en Chine. Par manque de moyens, le parti dirigé par Mao Zedong décide d’utiliser les savoirs ancestraux dans les soins aux personnes. C’est ainsi que le Qi Gong obtient peu à peu ses lettres de noblesse dans la république populaire de Chine.
Un jeune cadre du parti communiste du nom de Liu Guizhen participe à la modernisation de la pratique du Qi Gong. Il articule cette pratique autour de 3 piliers : la discipline du corps, la discipline de la respiration et la discipline de l’esprit.
Ainsi le QI Gong connaît un formidable développement en Chine. Il est adopté à la fois dans les hôpitaux ainsi que dans les facultés de médecine.
Le Qi Gong connait une vague de persécution au cours de la révolution culturelle lancée par Mao Zedong dans les années 1970.
La renaissance du Qi Gong apparaît en 1978. Une pratiquante chinoise du nom de Guo Lin fait la promotion d’une nouvelle forme de Qi Gong thérapeutique. Cette femme aurait soignée de nombreuses personnes dans les parcs grâce à la pratique du Qi Gong. C’est le début de la nouvelle vague du Qi Gong en Chine et de sa démocratisation en Occident.
Aujourd’hui le parti communiste a tenté de scinder le Qi Gong en deux catégories : le Qi Gong thérapeutique déployé dans les hôpitaux et cliniques afin de soigner et le Qi Gong hygiéniste enseigné dans les parcs.
Conclusion
Le Qi Gong appartient au patrimoine culturel chinois. Il est une pratique ancestrale de santé issue du taoïsme pour nourrir la vie et renforcer la santé. Aujourd’hui il existe à la fois une dimension thérapeutique et médicale dans la pratique du Qi Gong, destinée à soigner les maladies, et une pratique hygiéniste permettant de prévenir le vieillissement et stimuler la vitalité.