Guide Pratique du Tai Chi Chuan afin de vivre en Harmonie avec la Nature

Le peuple chinois au cours de ses plus de sept milles ans d’histoire, a enduré toutes les souffrances humaines possibles. La culture chinoise peut être assimilée à un vieil homme qui, fort d’expériences de vie douloureuses, a mûri une certaine forme de sagesse sur le monde et les hommes. Cette culture, au fil du temps, a emmagasiné une somme de connaissances immenses.

Le passé culturel et historique du peuple chinois l’a poussé à développer des méthodes pour vivre heureux et en bonne santé. Le Tai Chi est l’une d’entre elle. Nous allons découvrir dans ce article l’essence de cet art martial.

D’ou vient le Tai Chi Chuan ?

Le Tai Chi Chuan n’est pas le fruit d’un grand maître chinois mais plutôt le résultat d’un long processus historique qui l’a fait aboutir à sa forme actuelle.

Le corps, au centre de la pratique

Le peuple chinois a toujours accordé dans sa culture une grande importance au corps.

Sous l’Antiquité, Fuxi, personnage mythique de la mythologie chinoise, aurait commandé la création d’une Grande Danse pour afin d’améliorer la santé de ses sujets.

Vers le IV ième siècle, Tchouang Tseu ( ou Zhuangzi),  disciple de Lao Tseu ( Laozi) évoque dans ses écrits des exercices de souplesses prenant pour inspiration des animaux sauvages tels que l’ours et l’oiseau.

Par la suite, vers la fin du IIème siècle AP. JC le médecin Hua-Tuo, officiant à la cours impérial, dit dans un ouvrage : « Pour garder le corps en bonne forme, étirez la taille, remuez le corps, travaillez les articulations, et faites ainsi reculer le vieillissement. »

Afin d’aller dans cette direction,  Hua Tuo prolonge l’idée de Tchouang Tseu par la création du « jeu des 5 animaux », art martial d’animal comprenant un ensemble de 10 gestes d’imitation de l’ours, du tigre, du cerf, du singe et de l’oiseau.

Ce jeu des 5 animaux constitue une base fondatrice de toutes les techniques de combat à main nues de Hua Tuo à aujourd’hui.

Le long des siècles, des formes de gymnastique crées par le peuple chinois ont mûris dans les régions du Sud-Est Asiatique pour donner ce que nous appelons couramment « les arts martiaux extrême-orientaux ».

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L’école de Shao-Lin

Parmi l’ensemble des techniques de combat à main nues, l’école Shao Lin tient une place centrale en Chine. Cette école tient son nom du temple bouddhiste Shao-Lin, signifiant littéralement « le temple de la Jeune Forêt », situé près de la capitale historique chinoise Luo Yang. Dans ce temple a séjourné pendant 9 ans un personnage important du bouddhisme Chan  (zen japonais), le Bodhidharma, moine d’origine indienne ayant vécu à la fin du V ième siècle. Ce moine aurait inventé un technique de « combat à main nues », le Shao-Lin Chuan. Le mot chuan à l’origine signifiait « boxe à main nues », avec le poing fermé. Le terme chuan, « poing » symbolise en Chine la force, impliquant l’idée de courage et de puissance. Il est raconté qu’à l’époque, cette technique de combat permettait aux moines de se porter secours en cas d’agressions par des brigands. Le temple de Shao Lin a été un berceau du bouddhisme chan et de l’école de Shao lin.

L’école de Shao Lin compte 5 techniques que l’on retrouve dans le Tai Chi Chuan : Le Dragon, Le Tigre, le léopard, le serpent et la grue blanche.

L’école Shao Lin a fait de nombreux adeptes en Occident à travers le Kung Fu et a toujours été pratiqué en Chine. Cependant avec le temps, en opposition à l’école de Shao Lin qui prônait la force, voit naitre une nouvelle technique auquel appartient le Tai Chi Chuan.

Evolution du Tai Chi Chuan

Sous la dynastie Song (960-1280), la pensée traditionnelle chinoise connaît une évolution importante en synthétisant plusieurs courant spirituelles et philosophiques. C’est ainsi qu’apparaît le néo taoïsme, le néo bouddhisme et le néoconfucianisme. Ces courants partagent la même vision de l’origine de l’homme et de l’univers engendré par un principe unique.

Principal initiateur de ce mouvement philosophique, Zhou Dunyi (1017-1073) met en avant la notion de « principe premier », que l’on nome Tai Chi (Taiji), signifiant littéralement « Fait suprême ». Cette notion exprime l’unité en harmonie avec l’homme et l’univers.

D’autres écrits attribuent la création du Tai Chi à un moine taoïste du nom de Zhan Sanfeng, vivant dans les montagnes sacrées du Wudang, ayant vécu la fin de la dynastie Song.

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Style Chen et Style Yang

Le village de Chenjiagou, située dans le district Wenxian, province du Henan, est le berceau du Tai Chi Chuan et son lieu de transmission.

Vers le début du XVII ième siècle, vers la fin de la dynastie Ming (1368-1644), un membre de la famille Chen, Chen Wanting, commence à codifier la première forme de tai chi chuan, appelé aujourd’hui sous le nom de « l’ancien Tai Chi Chuan de l’école Chen ».

Parmi ses descendants, Chen Changxiang (1771-1853) transmet toutes les connaissances de son art à un paysan Yang Luchan (1799-1872). Ce dernier devient maître à son tour et enseigne à Pékin la boxe Chen pendant plusieurs années.

Les styles Chen et Yang ne présentent pas de différences fondamentales.  Les principes sont les mêmes. Ce sont les principes et déroulement des séquences qui changent.

Par la suite, Yang Chenfu (1883-1936), petit fils de Yang Luchan, perfectionne la technique transmise par son père et son grand-père. Maître incontesté des du Tai Chi Chuan, Yang Chenfu passe sa vie à perpétuer le style Yang à travers la Chine en formant  des milliers de disciples.

En 1925, Yang Chenfu demande à l’un des disciples de rédiger un livre sur la théorie du Tai Chi Chuan. 6 après, il demande à un autre disciple de rédiger un livre contenant 76 photos de lui, exposant l’ensemble des mouvements de la pratique.

Depuis l’avènement de la République populaire de Chine en 1949,  l’école Yang connaît un grand développement.

La pratique

Le tai chi chuan est plus qu’une simple gymnastique du corps.  Il est également une pratique à dimension spirituelle, visant à unir le ciel, la terre et l’homme.


Agir psychiquement et non physiquement

Le tai chi chuan prenne leurs racines dans la pensée traditionnelle chinoise. D’après celle-ci, l’univers tout entier est animé par des catégories opposées et complémentaires : le Yin et le Yang (ex : l’ombre et la lumière, la faiblesse et la vigueur, le féminin et le masculin. Le yin et le yang sont dans une lutte perpétuelle qui engendre l’équilibre et l’harmonie menant au Tao.

Au cours de la pratique, l’esprit n’est jamais exclus. Il accompagne chaque geste. Les mouvements doivent se réaliser dans une unité du corps et de l’esprit. 

La richesse du tai chi chuan réside dans cette quête infinie de l’harmonie du mouvement en accord avec l’esprit. 

La respiration

Pour les chinois, la respiration est la source même de la vie. Le travail de la respiration est donc un élément central de la pratique du Tai Chi Chuan. Cette respiration spécifique doit être profonde, lente et régulière. Elle est en accord avec les mouvements exécuté par le corps comme dans une danse. Toutefois elle ne doit ni être forcé, ni contrôlé. Elle est la vie même suivant son cours. Elle prend sa place de façon naturelle au fur et à mesure que le geste s’affine.

5 points fondamentaux

  1. Forme circulaire. Le Tai Chi Chuan  porte le surnom de « multitudes des cercles ». Les mouvements sont constitués d’une multitude de cercles, spirales, de différentes dimensions.
  2. Douceur. La douceur, la fluidité du mouvement, la légèreté du mouvement sont des éléments capitaux dans le Tai Chi Chuan. La pratique doit se déployer sans l’usage de la force, et l’esprit doit commander l’action.
  3. Lenteur. La lenteur est un élément clef pour le discernement des mouvements, leur contrôle et leur coordination. En réalisant des mouvements lents, le corps apprend mieux les gestes dans leurs petits détails.
  4. Coordination. Le Tai Chi Chuan fait entrer la pensée dans l’action ainsi que l’action dans la pensée. Le travail de la coordination permet de se rapprocher de l’unité parfaite de l’être où le corps et l’esprit ne forme plus qu’un seul bloc.
  5. Continuité. Le Tai Chi Chuan se pratique dans une forme de continuité du corps et de l’esprit. Les mouvements se succèdent les uns après les autres comme des vagues dans l’océan. Dans chaque séquence, les gestes suggèrent les suivants.
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Déroulement d’une séance

Les séances se déroulent en groupe, et durent en général une heure se découpant en 3 phrases. Tout d’abord l’enseignant propose des exercices d’échauffement et d’assouplissements. Puis il propose le travail d’éléments clefs du Qi Gong tels que la posture, la respiration, ou la présence de l’esprit. Enfin, la séance se finit par le travail d’enchainements de Tai Chi.

Les bienfaits pour la santé

Le peuple chinois, pratiquant depuis longtemps cet art, est bien conscient des bénéfices du Tai Chi Chuan pour la santé corps-esprit.  Ce n’est que depuis quelques années seulement qu’une communauté de chercheurs s’intéresse aux effets de la pratique du Tai Chi Chuan à un niveau thérapeutique.

Les résultats des recherches montrent que la pratique régulière du Tai Chi Chuan renforce de nombreuses fonctions vitales, parmi lesquelles :

  • Les fonctions cardiovasculaires et respiratoires ( en favorisant une diminution de l’hypertension, une augmentation des capacité respiratoires)
  • La force musculaire des membres inférieurs.  (en effet, les mouvements du Tai Chi Chuan sont pratiqués en posture semi-fléchie)
  • Le contrôle du mouvement des membre supérieurs au cours de tâches manuelles usuelles ( les mouvements sont réalisés avec une extrême prévision)
  • L’équilibre postural dynamique et statique, le temps de réaction ainsi que la « sensation du mouvement » des membres inférieurs et supérieurs (entrainant notamment une réduction du risque de chute chez les personnes âgées. `

Enfin la pratique du Tai Chi Chuan a pour effet de réduire la nervosité, réguler l’humeur et améliorer la capacité de concentration. Ces effets sont liés au fait que les mouvements doivent être exécutés  dans la lenteur et l’attention.

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Indication

Le Tai Chi Chuan est accessible à tout le monde. Il ne nécessite pas d’aptitude physique particulière.  Les techniques sont donc à la portée de chacun. Il s’agit d’une discipline corporelle pouvant être pratiquée tout au long de la vie sans contre-indications spécifiques.

Question / Réponses

Faut-il avoir des aptitudes particulières pour apprendre le tai chi chuan ?

Selon la phrase de Confucius : « Une connaissance innée est rarissime, mais peut toujours s’acquérir »

Quels sont ses objectifs et son utilisation ?

Le Tai Chi Chuan peut se pratiquer comme une gymnastique douce, ou comme une discipline psychocorporelle permettant de renforcer son système immunitaire.

Où pratiquer?

Le Tai Chi Chuan n’exige pas une surface particulièrement grande. Un petit espace de 5 m x 5 m peut suffire pour déroulement des enchainements. Il est toutefois préférable de pratiquer dehors au grand air, dans un parc ou un jardin. Si l’on pratique à l’intérieur, il est recommandé d’ouvrir les fenêtres.          

Comment apprendre le Tai Chi Chuan ?

L’apprentissage du Tai Chi Chuan peut difficilement se faire en autodidacte. Afin de commencer sereinement la pratique sur de bonnes bases, il est préférable de trouver un bon professeur.

Dans quelle tenue faut-il le pratiquer ?

L’exercice du tai chi chuan n’exige pas de tenu particulier. Une simple tenue de sport peut suffire à la pratique. L’essentiel est d’être à l’aise pour effectuer les mouvements.

Comment faut-il respirer dans le tai chi chuan ?

Il n’y a pas de contrôle à effectuer sur la respiration. Celle-ci doit s’accorder de façon naturelle aux mouvements. Il est vain d’accorder trop d’importance à la respiration lorsqu’on débute le Tai Chi Chuan. Car il est impossible de se concentrer à la fois sur les mouvements et sur la respiration. Ce n’est qu’après une certain expérience de la pratique que vous pourrez apprendre à synchroniser la respiration et le mouvement.

Combien de sortes de Tai Chi Chuan existe-t-il ?

Il existe qu’un seul Tai Chi Chuan. Toutefois il existe plusieurs école et styles différents :

  • L’école Chen. La plus ancienne et la plus complexe. Peu pratique de nos jours.
  • L’école Wou. Peu connue, elle est enseignée essentiellement aux Etats-Unis.
  • L’école Sen. Très peu rependue.
  • L’école Yang. La plus populaire est pratiquée en Chine comme à l’étranger.

Peut-il être considéré comme une technique de combat ou de self-défense ?

Longtemps, le Tai Chi Chuan a été considéré comme une technique de combat à mains nues au même titre que la boxe Shao-Lin (kung-fu). Cependant aujourd’hui le Tai Chi Chuan a abandonnée tous ses aspects de techniques de combat ou self-défense.

Quelle est la différence entre le Tai Chi Chuan et le Qi gong ?

  • Le terme Qi Gong, signifiant littéralement «exercice du souffle », est employé pour désigner l’ensemble des techniques énergétiques chinoises, ce qui inclut donc le Tai Chi Chuan. Il est une pratique de santé et de longévité s’inspirant du taoïsme.
  • Le Tai Chi Chuan, ou « Boxe du Fait Suprême » possède une origine martiale et fait donc partie de la famille des arts martiaux contrairement au Qi Gong.

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